La forêt des hommes volants by Arnaud Georges-Jean

Auteur:Arnaud, Georges-Jean [Arnaud, Georges-Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: QCOK
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1995-01-15T00:00:00+00:00

CHAPITRE XIX

Quelques jours plus tard, Ugo dut pénétrer au plus profond des entrailles de Stratos, là où les égouts déversaient dans un cloaque les ordures de toute la population de l’île. Celles-ci étaient rapidement transformées, dans des moules spéciaux, en énormes cubes de glace qu’un système éjectait au-dehors. Ugo se dit que le procédé ne causait qu’un minimum de dégâts tant que l’île survolait la forêt-vierge amazonienne, mais qu’en était-il lorsque Stratos se trouvait à l’aplomb de grandes concentrations humaines, telles qu’elles existaient au Japon principalement ?

Le sous-lieutenant Kurachi du service d’entretien ayant remarqué ses connaissances mécaniques l’envoyait pour réparer l’évacuateur automatique. On l’avait doté d’un masque, bien sûr, mais aussi d’une bouteille d’air comprimé d’une autonomie de deux heures. Enfin, il portait des vêtements chauds car, dans cette partie basse, le froid, qui avoisinait les soixante-quinze degrés au-dessous de zéro, était mortel.

On lui avait recommandé la prudence car le système qui éjectait les ordures congelées pouvait tout aussi bien l’envoyer lui-même dans le vide. Il se composait d’un tapis roulant sur lequel tombaient les gros cubes de déchets durs comme de la pierre. Une biellette commandait l’ouverture du sas et une catapulte automatique frappait le cube pour l’envoyer au-dehors. C’était sur cette catapulte qu’il devait effectuer la réparation. Il avait coupé l’alimentation du tapis roulant et son aide, un Mandchou, veillait à ce que personne n’entre dans cette partie des sous-sols. Il découvrit vite que la catapulte était bloquée par un cube d’ordures qui n’avait pas subi une congélation parfaite et s’était écrasé contre le système avant de se durcir définitivement, cette fois. Il disposait d’une sorte de réchauffeur électrique étudié pour ne produire aucune étincelle car, même dans ce cloaque, l’hydrogène était présent pour maintenir l’équilibre de l’ensemble.

Petit à petit, il arrachait des blocs de glace à la catapulte en s’efforçant de ne pas prêter attention à leur ignoble composition. Il travaillait avec des gants fourrés mais le froid commençait à pénétrer sous ses vêtements.

Il en avait terminé et venait de vérifier si l’ouverture du sas et le déclenchement de la catapulte s’opéraient normalement. Il était retourné auprès de son aide et avait rétabli le courant. Tout fonctionnait. Il ramassa ses outils, les empaqueta. Il se retourna et aperçut le Mandchou gisant assommé près du sas d’accès au cloaque. Tang s’approchait de lui.

Le géant jouissait d’une grande liberté d’action en échange de l’ordre qu’il faisait régner dans son dortoir. On disait même qu’il pouvait manger à la cantine des sous-officiers de Stratos.

Le géant portait un masque, une bouteille et des vêtements chauds mais son bras était armé d’une matraque télescopique empruntée à un gardien. C’était une arme dangereuse entre les mains d’un homme aussi fort, une arme lestée de plomb et un seul coup pouvait tuer quelqu’un.

Ugo recula, se heurta au tapis roulant et celui-ci se mit en marche. Tang venait d’abaisser la manette de marche. Il n’aurait qu’à assommer son ennemi et celui-ci serait envoyé dans l’espace pour disparaître à jamais. Personne ne s’inquiéterait. On penserait qu’il avait essayé de s’évader.

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